DJ ZUKRY : LA VOIX DE CELUI QUI CRIE DANS LE DESERT

Parler de moi. Toujours. Me triturer la cervelle dans tous les sens, non par masochisme mais par plaisir très sain. M’étourdir du jus vitaminé de mes pensées infâmes. Ecrire ce que j’aime, ceux que je méprise, ce que je hais, ceux que je suis. Je m’accroupis au bord de mon âme et jette un regard dégoûté sur ce que j’y vois : ce volcan dégueulasse qui bouillonne sans arrêt. Vu d’ici je vois bien que je ne suis définitivement pas un chic type. Je n’en suis pas désolé. Vous devez en avoir marre de me lire. Vous avez raison ! Je vous répète toujours les mêmes choses : le monomaniaque de l’Ego. Je devrais vous raconter des blagues. On ferait comme si que je serais dans un banquet, totalement ivre mort, debout bringuebalant, et tout le monde fermerait sa gueule pour m’écouter, j’imiterais un Africain ladidon, ceux qu’auraient le visage tout rougeaud de malice vinassée y seraient écroulés de rire ladidon tellement je serais rigolo fandard et tout, et même les vieilles mémés crèveraient étouffées dans leur dentier jaune et je serais la vedette de la soirée présentement ladidon n’golo. Oui, j’aime bien faire mon intéressant !

Combien de temps dure l’Infini ?

Je n’ai pas les lecteurs que je mérite. J’ai beau leur dire que je suis une ordure, un intolérant, un sectaire, ils y jettent un regard faussement distrait au texte du DJ ZUKRY. « Ah le salaud ! Ah la provoc ! Tu le penses vraiment ce que t’écris ? Non, parce que là quand même… ! ». A force de regarder les guignols de l’info vous aimez bien que des marionnettes vous manipulent. Aux imitateurs je préfère les ventriloques :
« Dis-moi Carlos, c’est vrai que ta maman c’était une pute ? ». Oh ! Ne dis pas cela Tatayet, mon fidèle petit animal aux réflexions si innocentes et tellement pleines d’affection. C’est plus fort que moi, je suis grossier. Me voilà bientôt aussi abruti que le public de Jean-Marie Bigard. Contrairement à ce sous-Coluche,- gloire à toi, Michel Colucci, apôtre de la beaufitude, que ta moto soit bénie -, quand je pète j’ouvre la fenêtre. Je conseillerais bien à certains de s’y jeter par-dessus.

Quand ce texte va être publié dans BIGORNO, je vais m’exiler, sortir de moi, oublier mon amour propre. Je fais ce mauvais coup à chaque numéro. C’est toujours le texte de Dj Zukry que je choisis parmi mon préféré. J’aime mieux être mégalo qu’aimer Gallo (Vincent ou Max, peu m’importe). Je vais tout de suite contacter Les Inrockuptibles. Ils vont me l’acheter ce jeu de mot ; c’est sûr. Dead or Alive ! Mort au Viviant ! « Allô ? Arnaud Viviant ? L’ennemi intime de Frédéric Beigbeder ? ». Je trouve que Beigbeder a le profil nasal d’un hussard, mais est-ce une raison suffisante pour lui prêter la voiture de Roger Nimier ? L’été les dandys se déshabillent : les futilités les étouffent. Oscar Wilde a une éloquence incroyablement naturelle : il cause et en oublie les conséquences. Moi je sais que l’Apocalypse n’aura pas lieu. L’Homme est condamné à vivre : il en a trop envie. Rien ne peut l’arrêter dans sa course folle et désespérée. Il veut enculer le bonheur à pleines dents, mordre les fesses charnues de l’Absolu. Le chemin est long. Il n’y arrivera pas, alors il fait la guerre, vote, naît, travaille, crie, meurt, souffre, rit, aime, chie et dj zukry. Mon nom en minuscule ! Blasphème ! De loin j’ai l’apparence de l’homme de Gauche : modestie, effacement, discrétion… Ce n’est pas une raison pour vous approcher de moi, je ne suis plus vacciné ! Dans la niche les chiennes de garde aboient, les féministes perdent leurs poils, le docteur Pasteur s’inocule la rage. Dans les steppes les fauves se fâchent, même le Dalaï-Lama est un jusqu’au bouddhiste. Cette fois c’en est trop ! Haro aux calembours ! J’en rougis de honte. Vous me trouvez écœurant n’est-ce pas ? Je dois faire pire pour vous insupporter totalement. Avant de partir je vous tape dans le dos : vous en avalez votre langue. Je vous embrasse, chers liseurs.

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