Le Palindrome, un jour du mois d’avril 2002,

Je comprends votre désarroi face à la fièvre acheteuse qui pousse les citoyens à la consommation comme on oblige un supporter de football à l’absorption d’alcool : c’est que la vie est difficile à supporter pour certains. Vous me direz : là n’est pas le problème. C’est exact et là n’est pas mon propos. J’ai reçu une plaquette dans ma boîte aux lettres, dissimulée entre 2 factures, me faisant part de la création d’une revue au nom de Le mouton fiévreux.

Vous nous expliquez que cette revue bimestrielle est ouverte à tous, cette idée si chère aux démocrates bon teint me fait toujours peur car elle laisse à supposer que les médiocres ont la porte ouverte. Il n’y a qu’à écouter les « radios libres », temple de la nullité. La liberté d’expression ne sert que si l’on censure. Ces mêmes médiocres scribouilleurs rampants nous inondent de leurs « coups de gueule » moralisateurs contre le cynisme du monde capitaliste et se font péter le bide au restaurant, à l’instar du lamentable Philippe Val qui voit du facho partout là où il fantasme qu’il y en ait encore. Que Val retourne voir le Professeur Choron et celui-ci lui expliquera que la subversion ne se cache pas dans le militantisme foireux et anti-mondialiste !

Vous avez raison de dire que vous souhaitez rester indépendant de tout parti politique, et, en effet, pour reprendre le titre d’un livre épatant du génial Willem « Tout est politique ». Il n’est pas nécessaire de signer des pétitions pour s’en rendre compte.

L’objectif de ce courrier n’étant pas d’étaler mes colères et ma mauvaise foi, je vous parle rapidement du fanzine ci-joint : BIGORNO.

Le numéro 0 date de mars 2001, il était le fruit d’une rencontre entre plusieurs individus n’ayant en commun rien de particulier si ce n’est l’envie vicieuse et impudique d’écrire, d’être lu, de se faire plaisir et éventuellement de satisfaire quelques lecteurs ; attitude hédoniste et foncièrement individualiste. BIGORNO n’est pas écologiste (cf le texte de Half « Mort à l’homme, vive les dinosaures »), n’est pas un fanzine d’anarchistes (en tout cas pas dans son acception anarcho-syndicaliste ou romantique), BIGORNO ne cherche pas à se faire que des amis, est trimestriel, n’a pas de ligne directrice et encore moins de ligne éditoriale, est imprimé par nos soins et distribué là où il y a encore un semblant de vie, BIGORNO est prétentieux – quelquefois - et limite « p’tit con », aime le cinéma américain, mexicain, la littérature française, portugaise, la musique brésilienne, américaine, crache à la gueule des gauchistes, étouffe François d’Aubert, vomit sur Catherine Fayal, BIGORNO caresse la Poésie, est immoral, fait pleurer les sensibles, énerve les tolérants… et tout son contraire bien évidemment.

Bien à vous.

DJ ZUKRY
précédent sommaire suivant