« FRAPPER DES DEUX POINGS DANS DEUX DIRECTIONS A LA FOIS »

Bigorno, le papelard vaguement trimestriel. Bigorno, la soirée. Bigorno, le site Internet. Bigorno, la compilation CD. Bigorno, le pin’s parlant. Bigorno, la ligne de vêtements. Bientôt vous pourrez vous enivrer de liqueurs Bigorno en dégustant de délicieuses cacahouètes Bigorno. Pour vous finir en soirée vous louerez pour 2 heures une escort-girl estampillée Bigorno : la langue râpeuse et les lèvres rugueuses.

« DETRUIRE CE QUI RESTE EN MOI D’IDEALISME ET D’UTOPISME »

Je contemple avec dégoût les déjà-6-numéros de Bigorno, et, mon foie au bord des lèvres, je laisse échapper cette phrase, comme un rôt pantagruélique : « Comment ai-je pu me compromettre dans un tel torchon ? ». Je rêvais d’une revue chic et select, légère comme du papier glacé, au doux parfum entêtant, signant mes papiers avec mon stylo Mont-Blanc fétiche – cadeau d’une lectrice de la Bourboule, et recevant des lettres d’insultes dans un bureau à la moquette noire. Décidément, je vois trop haut, le regard porté à hauteur de surhomme.

« AVOIR L’ELEGANCE DE NE PAS EXHIBER MA GENEROSITE INTERESSEE »

Bigorno, bientôt deux ans d’existence et déjà le bilan financier s’impose. Dans une société pervertie par l’argent – me voilà tribun démagogue – Bigorno ose et revendique la gratuité. Des factures tous les trois mois, des huissiers à nos portes, un banquier qui agiote, s’agite et gigote pour que nous payions nos créanciers… et malgré toutes ces pressions nous persévérons : nous nous offrons à la vulgarité libidineuse des lecteurs, nos cuisses largement écartées pour que leurs yeux s’y aveuglent. Nous sommes des putains philanthropes.

« DIGRESSER AUTOUR DE THEMES QUI N’AMUSENT QUE MOI »

Bigorno : bancal, insolent, gratuit, onaniste, revanchard, narcissique, olé ! Les auteurs se croisent, se méprisent, s’aiment, s’amusent et finissent toujours par préférer leurs propres textes : l’ego à portée de mains. Je prévois déjà mes prochaines divagations : Alan R. Splet, mon service militaire, mon grand-père, Ivan le ventriloque, mon suicide, « l’Hamlet osseux », une « Perceuse pour enfants », le récit d’un meurtre parfait…
Mes écrits tracent une courbe sinueuse à l’allure à priori incohérente : l’arabesque zukryste de ma cosmogonie intime.



DJ ZUKRY
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