NOTES DU DIRECTEUR DE LA PUBLICATION (Jean D’Ormesson)

C’est en juin 2001 que j’ai été désigné pour m’occuper de ce numéro de BIGORNO. On m’avait remis le numéro zéro. Je l’avais parcouru et sentais bien qu’il y avait de la ressource, des qualités mais qu’il manquait ce je-ne-sais-quoi qui fait la différence : LA RIGUEUR. On m’a présenté l’équipe. Ils étaient jeunes, trop peut-être, ai-je pensé. Ils avaient ce regard fougueux, exalté et insolent que je n’avais plus vu depuis la mort de Philippe Bouvard (salut l’Artiste !). En juillet 2001, ils commençaient déjà à m’exaspérer. Je constatais alors qu’ils étaient lents, capricieux, susceptibles, vaniteux, et surtout, que des tensions naissaient au sein du groupe. Mais aujourd’hui, en ce dimanche 16 septembre 2001, mon travail est enfin terminé et je me permets, à mon tour, de vous écrire ces quelques lignes en signe d’adieu. J’ai eu envie de vous faire une petite description de ces individus « sans importance collective » comme écrivait Céline. J’espère qu’ils ne m’en voudront pas.

GROS BISOUS A EUX.

NERF SALISSANTOR :
On le croise dans les bouges minables, avachi sur le zinc, un vieux post-it couleur rouille à la main. Son taux d’alcoolémie est proche de celui de P. Léotard le jour de sa mort. On le reconnaît auditivement par ses cris de colère dignes des meilleures réparties de Gabin ou Bigard (deux comiques morts trop tôt).

TINO :
Le fantôme de BIGORNO. Seul Sam a pu le rencontrer. Il envoie ses textes par courrier électronique, lui qui dans son premier conte (cf n° 0) semblait fustiger ces technologies. Ce genre de paradoxes est une constante au sein du groupuscule bigornien.

SAM :
Pour lui ; écrire est une grande douleur. Aussi préfère t-il retrouver les joies toute scolaire du coupage, collage, découpage, assemblage. Sam est un grand Dada. Il est à l’origine de ce fanzine mais n’en assume plus la responsabilité, préférant marcher dans les rues du Palindrome un pot de colle dans les bras et la fatigue au bord des paupières.

DJ ZUKRY :
Il se croit obligé de s’expliquer sur son papier précédent (que tout le monde a déjà oublié d’ailleurs). A jouer la carte de la pseudo subversion il ne récolte que l’ennui qui accompagne inévitablement son dernier texte. Méprise les gens, les insulte et s’étonne qu’on lui en veuille. Tendance à la parano et à la mégalomanie.

HERVE :
Les jeunes filles le connaissent mieux sous le nom énigmatique de Joshua (guitariste, chanteur, auteur, compositeur). Les sarcasmes incessants de DJ Zukry lui deviennent insupportables. Résultat : ils ne se parlent plus. Hervé a besoin d’être soutenu. Il comptait donc sur la complicité éventuelle de Jean Baum qui s’avère être un très mauvais allié.

LE CHAUVE AIGRI :
Ancien membre des Jeunesses Ouvrières Chrétiennes et ancien chauffeur de bus dans la région nantaise. Père de 2 enfants. Ne se sent à l’aise qu’entouré de gauchistes et de filles de 18-24 ans. Devait faire un texte sur la vie intime du tortionnaire d’Anne Franck. A du avoir peur des représailles éventuelles de la part d’anciens résistants.

JEAN BAUM :
Le doyen de BIGORNO. Il vit en banlieue, ne parle pas l’argot de la rue, aime le cinéma d’auteurs, l’Art contemporain, la musique électroacoustique, l’humour élitiste, supporte mal l’idée d’une coalition franco-allemande et colporte sournoisement des rumeurs sur les patrons de bars.

FRED B. LHAMAS :
Initiateur de SENTENCE FM (106.30 MHZ) à la fin des années 90. Cultive le goût des contradictions : rappeur et cultivé, casquette et livres, underground et école des Beaux-Arts. N’ose pas donner le nom de Catherine Fayal dans son texte « Gnachis et panzani ».

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