Le cinéma suédois était-il : « le meilleur du monde » comme l’affirmait cette quinquagénaire que je m’apprêtais à sodomiser ?
-« Tu es comme lui tu sais… Oui c’est étonnant, par certains côtés tu es tout à fait semblable à Bjorn Borg . » Puis elle ajouta :
-« Tu aurais pu devenir quelqu’un de bien. »
La terre était inondée, résistante à toutes velléités d’ouverture ; autour de nous, sur le parking, des automobiles rouillaient. Je ne songeais qu’aux turpitudes raffinées à infliger à ces laquais consentants. L’image du corps de l’intellectuelle tardait à s’estomper, d’une main poisseuse je parvins à extraire une petite clef bleutée de la poche droite de mon jean. L’odeur de café m’atteignit dans le hall de l’appartement , me rappela que j’étais père d’une adolescente, me rappela l’existence de cette guenon. Sur la porte de sa chambre (« c’est MAAA chambre Papa ! »), un écriteau en forme de panneau de signalisation routière, avertissait le visiteur du danger qu’il encourrait, à ne pas respecter la législation en vigueur sur ce territoire. Je m’immobilisais, rien, non rien n’en parvenait, aucune ritournelle à la mode chantonnée niaisement, pas le moindre rire étouffé. Elle avait fait du café à mon intention et s’était tirée. Je me souviens avoir jugé cela délicat durant un court momen t, puis m'être effondré sur le canapé Roche Bobois du salon.
-«Ca va monsieur, bien dormi ? » Un grand noir en survêtement crème me fixait d’un air goguenard, en baissant le regard je remarquais le bas de ses pantalons : retroussés à mi-mollet.
« Vous êtes un ami de Chantal ou un pêcheur à pied égaré dans la brume ? »
Il eut l’air un peu décontenancé , le fait qu’il soit debout face au spectacle d’un homme affaibli, vautré sur un sofa de couleur criarde, devait ajouter à son malaise. J’étais habituellement en proie à des insomnies répétées, j’émergeais lentement d’une sieste de quelques heures.
« Chantal est rentrée ? »
-« Euuh… Oui, elle est dans sa chambre, elle se change. »
Encore un peu perturbé, il exécute un petit pas de côté (très réussi), avant de m’annoncer qu’il va s’enquérir des activités de ma fille. J’allume le poste de télévision, un connard gominé m’apprend que G. Bush Jr est traqué pas des Boeing 747, qu’il ne peut pas rentrer chez lui pour l’instant. Je me sens traqué moi aussi, je pars à la recherche d’un comprimé de xanax. De retour dans le living, une heineken à la main, j’observe le visage d’une jeune américaine expatriée à Paris, je hausse le volume du téléviseur, elle est prise de sanglots, hurle qu’elle connaît des gens à New York. Je me roule un joint d’herbe, je pense à Woody Allen, que je ne connais pas mais qui vit à New York.