ELOGE DU CANNIBALISME |
Il ne sera pas dit que Bigorno n'aura pas parlé des élections présidentielles et législatives !
Voilà qui est fait. Passons à autre chose. |
![]() Frères humains, je vous observe déjà depuis très longtemps.L'été qui approche éclaire vos visages de jolies nuances colorées et les spécimens femelles de votre race se laissent pousser les membres inférieurs sous la jupe. Pourtant, la fatigue ne quitte pas vos yeux éclaboussés de soleil. Pourtant, vos jambes sont lourdes. Pourtant, vous restez sombres sous la lumière. Il manque quelque chose à votre bonheur, et vous savez ce que c’est.
Observez, frères humains de sexe mâle, ces cuisses qui passent sous votre regard à longueur de journée, à longueur de mois, à longueur d’année, et qui vous font brûler de désir. Interrogez-vous sur ce désir. Ne ressentez-vous pas une furieuse envie de vous jeter sur votre proie et de mordre à belles dents ces jolies cuisses menues mais fermes, à la saveur délicate, à l’arôme sucré, sur le blond duvet desquelles perlent quelques gouttes de sueur ? Car enfin, pourquoi faut-il que le mâle soit triste après l’amour ? Y’a-t-il une raison à cela ? Bien sûr qu’il y en a une, et vous la connaissez. C’est qu’en amour, la pénétration ne permet pas d’aller au fond des choses. Ce n’est pas en profondeur qu’on peut faire le tour de l’être aimé. L’acte de chair se doit d’être une appropriation totale du corps de l’autre. Et celle-ci ne peut se faire que par l’ingurgitation de l’amant(e). La chair de l’acte prend alors tout son sens. Le cannibalisme doit redevenir un constituant normal de la relation amoureuse, au mêm e titre que la drague, les préliminaires et la belle-famille. Nous ne le répéterons jamais assez : l’homme est un animal comme les autres. Nous mangeons du bœuf, nous mangeons du poulet, nous mangeons du cheval, du lapin, de l’escargot, de l’huître, et depuis quelques temps nous nous sommes mis à manger de l’insecte (si, chez Evelyne Thomas)… Il ne reste plus qu’une étape à franchir : mes frères, mangeons-nous les uns les autres !
On m’objectera sans doute qu’avec toutes les saloperies qu’il bouffe, l’homme ne doit pas être une nourriture très saine. Je n’aurai aucun mal à rejeter cette objection : avec toutes les saloperies qu’il bouffe, l’homme est immunisé, et peut très bien manger de l’homme. Et puis, avez-vous déjà tenu une conversation avec le poulet auquel vous étiez en train d’arracher une aile ? Désormais, vous pourrez échanger vos opinions avec votre collègue de bureau tout en dégustant l’un de ses doigts à l’apéritif. En outre, ce n’est qu’une fois que vous l’aurez mangé que vous pourrez dire de votre voisin qu’il a mauvais goût. |
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