L’HAMLET OSSEUX
Une tragédie victorienne de Dj Zukry


C’est beau une pute qui file ses bas lorsque ses jambes croisent la soie.
C’est vraiment beau une pute qui dort ; son cul offert au coup du sort.
C’est beau une pute qui marche, Noé la reluque du haut de son arche.
C’est le genre de pute qui dit merci si tu la violes dans l’établi,
Ton portefeuille dans le calbut, et même sa mère c’était une pute
Qui faisait des passes dans les beaux quartiers ; voire dans l’église pour le curé.
Elle glissait doucement ses mains sous la soutane pendant qu’il priait « Alléluia Man » !
C’est beau une pute qui compte l’argent que lui a filé très gentiment
Un vieux monsieur en fauteuil roulant, l’œil aux aguets mais très charmant ;
Qu’a pas osé se déshabiller pour pas qu’elle lui demande où sont ses deux pieds.
C’est beau une pute sur un trottoir qui fait des prix aux blancs, aux noirs,
Aux jeunes, aux vieux et même aux stars, à l’Abbé Pierre et Raymond Barre.
C’est beau une pute, pendant la guerre, qui malgré les cadavres fait ses affaires,
Qui couche sans rougir avec des collabos et lèche le sang qui coule sur leur dos.
C’est beau une pute à peine majeure qui, de ses seins, jouent à quatre heures,
Après ses cours de géographie, conjugue la Grèce et la Lybie.
C’est beau une pute en plein automne, moitié soubrette et moitié nonne ;
Quand il lui faut se déguiser pour exciter la prose d’ un vieux romancier.
C’est beau une pute qui parle d’amour les cheveux collés à Aznavour.
Elle croit encore au Prince Charmant, du genre Zidane mais sans accent.
C’est beau une pute qui lit Hamlet, une tragédienne sans proxénète,
Une intello au corps d’athlète, une terroriste de la quéquette.
C’est beau une pute quand elle vieillit, la ménopause au bord du lit.
Il n’y a plus que ses traits qui sont tirés. De la profession elle va se retirer.
C’est beau une pute dans un cimetière, que les clients pleurent de façon sincère,
En pensant au plaisir reçu par cette jolie pute au joli cul.

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