RENAISSANCE

Amphi

Voilà bien plusieurs mois que mes mains n’avaient pas touché le clavier d’un PC. Cette sensation étrange, lorsque mes doigts effleurent ces lettres électroniques, se propage jusqu’à la limite de mon cerveau. L’écran semble renvoyer alors l’écho de mes pensées. Si ce contact n’avait été le premier, ce mimétisme indésirable m’aurait effrayé tant ce bouleversement verbal m’était inconnu. C’est alors en feignant d’y apercevoir la raison qui m’habite que j’entrepris sous l’égide muselée de la cognition de laisser la main libre à mon imagination ; celle-ci guidant mes mains en toute liberté. Si la liberté de parole est de rigueur dans nos mentalités, il n’en va pas de même pour ma liberté d’action. La perception sensorielle, si chère à nos auteurs classiques qui ont vu se succéder la plume au stylo puis la palette, est de tout autre registre.

Si l’influence psychique transgresse la voie hiérarchique et court-circuite la porte de la conscience, je ne suis plus en mesure d’assumer la responsabilité de l’expression, privé de toutes alternatives de modification voire de modération. Seul le détachement physique avec le support permet un retour au contrôle de l’écriture. Face à cette méticuleuse harmonie entreprise par je ne sais quels artifices, il faut insuffler à cette inspiration suffocante la manifestation du désir d’agir. Alors la responsabilisation devient enfin possible. La difficulté qui persiste à ce niveau est la stabilisation intrinsèque à travers les méandres de la subversion para-cathodique. Faisant fi de toute volonté de subordination pour échapper à l’enclave paroxystique, j’ai cessé toute production manuscrite.
Merci de ne plus écrire à cette adresse.



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