LES SECRETS DE LA BIGORNE

Un helléniste sans fibre paternelle est un fanzine qui agonise, une nuée de poncifs qui s’enfuient vers le ponant. La sédition sirtakiste est inévitable et prendra effet dès que certains maux intestinaux auront disparu. Une bague à l’index et une autre au pénis ? Je hais la mendicité chez les tatoués, l’obésité qui crie famine, la joaillerie, l’industrie lunetière croate et la lubricité des Asiatiques. Coupable d’être drôle comme la bible et d’estimer les censeurs. La suffisance intellectuelle est un derviche tourneur saoul équipé de jambes en lin, un marathonien asthmatique, une religion sans pèlerinage et du jambon sans couenne. Un clin d’œil en didascalie. Curieusement la Bigorne est à la fois rigide et souple, paradoxe qui n’en est pas un puisqu’elle se mord la queue. Drôle d’animal, vachard et rigolard. Coupable de m’agripper au caillou et d’apprécier le verbe de mes compagnons de coquille. Avorte t’on d’un enfant prodigue ? Demandez-le à la mère de Gandhi. C’était un bon gros mouflet et il faut maintenant que jeunesse se fasse ; de là à ce que Jonas se fesse il ne… Quelle drôlerie encore, non ? Barrons la route à Médée et tatanons ferme quiconque rira au nez et à la barbe du théâtre antique. Je divague, c’est un masque qui se fêle. Aujourd’hui, lire Bigorno revient à visionner une série de courts métrages nimbés d’effluves de boucherie chevaline. Les apprentis viandards que nous incarnons, avec la plus impie des décontractions, ne peuvent techniquement jouir de leur art impur sans danser la gigue les deux pieds dans la merde (Zukry a-t-il déjà écrit cela quelque part ?). Ce caravansérail de styles dissimule une honteuse unité : la Bigorne n’est qu’un ramassis de girafons enroués qui se complaisent à tendre le cou et aspirent à devenir légendaires. Acceptons Bigorno tel qu’il est, c’est une réussite. Changer son fusil d’épaule en quelques lignes et user avec excès de formules idiomatiques (chose que me reprochait déjà Madame Maxwell), voilà un bel arsenal de camouflage. Ecrire pour mieux se taire, se terrer pour de rire, se marrer et tuer le maire.

Pour de la fausse, bien sûr.

SAMUEL
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